Qu'est-ce qu'un pneu vert ?

L'industrie du pneumatique est une des plus polluantes au monde que ce soit par ses produits ou son activité en général.  Pour faire face à cette situation, des contraintes légales de recyclages intégrées depuis plusieurs années dans le prix de vente de tous les pneumatiques vendus dans l'Union Européenne existent et permettent de contrôler le traitement des pneumatiques usagés par un cycle de transformation en produits recyclés. Parallèlement à cela, le secteur du pneumatique a cherché à développer de nouvelles technologies de conception de ses produits et donc à se mettre au "vert". Voyons dans cet article, comment nos pneus du quotidien vont devenir plus "écoresponsables".

Le pneu vert, est-il vraiment plus écologique ?

On estime qu'un pneu classique, sans recyclage, mettrait 400 ans à se dégrader complètement dans la nature. Cela est dû à certains ingrédients utilisés pour sa conception : huiles nocives, noir de carbone, etc...

Premier aspect de notre réponse, l'aspect écologique des pneus. Un pneu vert demande 10% de moins de matière pour être produit (il est donc plus léger ! ). Moins d'énergie dépensée pour sa production et moins de matières à recycler derrière. Ensuite, il est conçu avec des composés HOAF (sans huiles aromatiques) bien moins nocives que les huiles conventionnelles. Enfin, une grande partie du noir de carbone est remplacé par de la silice qui demande moins d'énergie à produire et qui possède un autre avantage que nous allons aborder ci-dessous.

Quelle est l'innovation technique du pneu vert par rapport aux pneus classiques ?

Les pneus sont la seule partie de la voiture en contact avec le sol. Ils assurent l'adhérence, la tenue de route et la qualité de freinage de votre voiture ... mais paradoxalement, ils la ralentissent aussi. Dans le cas d'une voiture entière, ils ne sont pas les seuls responsables de ce fait, il faut également prendre en compte les roulements, le poids du véhicule, l'état de la chaussée... qui y contribuent plus que largement. Mais poussez une roue seule, elle va rouler un moment, mais finira inévitablement par s'immobiliser toute seule. C'est cela qu'on appelle la résistance au roulement. L'énergie nécessaire pour lutter contre cette résistance au roulement représente à elle seule, entre 20% et 30% de la consommation de carburant de votre véhicule.

Tout l'intérêt du pneu vert est justement de réduire cette résistance au roulement et ainsi la consommation de carburant. Le travail se fait majoritairement au niveau de la bande de roulement. La gomme et le noir de carbone qui la composent habituellement, ont tendance à dissiper l'énergie sous forme de chaleur. Contrairement au noir de carbone, la silice ne le fait pas. En remplaçant le noir de carbone par de la silice (à 95%), le pneu conserve mieux son énergie ce qui permet d'économiser du carburant et de réduire aussi les émissions de co2 qui en découlent.

Faut-il s'équiper de pneus verts ?

Ici, tout dépend de la sensibilité de votre "fibre écologique". Les pneus verts sont tout aussi performants que des pneus classiques. Ils sont plus chers à l'achat (10% en moyenne), mais vous consommerez moins de carburant. Les pneus verts sont tous classés en catégorie A, B ou C (voir notre article sur l'étiquetage énergétique EPREL). Ils demandent moins de matière et d'énergie à produire, et représentent moins de volume de déchets à recycler. Petit bonus : de par leur bande de roulement plus souple, ils sont naturellement plus silencieux (donc moins de pollution sonore).

Voici une petite liste de pneus verts :

• Energy saver + de Michelin
• ContiEcoContact 5 de Continental
• Goodyear EfficentGrip Performance
• Pirreli Cinturato P1 Verde
• Kinergy K425 de Hankook

Pourquoi les pneus chauffent quand ils roulent ?

On a vu plus haut qu'un pneu classique perdait de l'énergie lors du phénomène de résistance au roulement. Mais, d'où lui vient cette énergie et comment la perd-il ?Intuitivement, on pourrait penser que c'est dû au frottement du pneu sur la route, mais pas du tout. Au point de contact du pneu avec la route, les forces de frottement sont (quasi) nulles (à moins de faire des dérapages, des burns ou des donuts). En fait cette chaleur vient de la déformation répétée du pneu. Pour comprendre le phénomène, on va devoir faire un peu de chimie.

Pour commencer, le caoutchouc naturel n'est pas élastique. C'est un polymère constitué de longues molécules (ou chaînes) de carbone et d'hydrogènes enroulées sur elles-mêmes. Quand on l'étire, les chaînes se déroulent et glissent les unes par rapport aux autres. Et elles ne reviennent pas en place quand on relâche. Pour qu'il soit élastique, le caoutchouc doit être vulcanisé. La vulcanisation est un procédé qui permet (via cuisson) de créer des liaisons (de soufre principalement) entre les chaînes de mollécules afin de les maintenir ensemble. Alors quand on étire du caoutchouc vulcanisé, les longues chaînes se comportent comme pour du caoutchouc naturel, mais les liaisons de soufre entre elles se distendent tous en emmagasinant de l'énergie afin de reprendre leur forme initiale. Quand on relâche, les molécules de soufre repassent au repos tout en diffusant l'énergie accumulée ... et le caoutchouc reprend sa forme.

Mais ce "rééquilibrage énergétique" n'est pas linéaire. "L'emmagasinage" d'énergie lors de la déformation des molécules de soufre est rapide au départ pour ralentir fortement sur la fin. La diffusion de cette énergie, quand les molécules reprennent leur forme, est au contraire lente au début et très rapide vers la fin. Ce phénomène porte le doux nom d'hystérésis (élastique). Dans le cas d'une déformation isolée, il n'y a pas de problème, l'équilibrage énergétique se fait en douceur. Mais dans le cas de déformations répétées, rapides et successives, comme c'est le cas d'un pneu qui roule, le caoutchouc accumule plus vite l'énergie qu'il ne la restitue. Il doit alors s'en débarrasser en la diffusant sous forme de chaleur ... le pneu chauffe !

C'est cette déperdition d'énergie que souhaitent réduire les pneus verts.