Pneus contre chenilles : qui est le meilleur ?
L'opposition des performances des pneus face à celles des chenilles n'est pas nouvelle. Essayons de faire objectivement le point entre les 2 solutions.
Les pneumatiques sont omniprésents sur les engins agricoles depuis des années, mais la politique de plus en plus présente faisant la part belle au respect des sols ainsi que la nécessité de porter ou tracter des outils toujours plus lourds, redonnent du crédit à l'emploi des chenilles. Les pneus et les chenilles ont leurs fans et leurs détracteurs. Nous allons voir que dans les faits, le constat des qualités des uns par rapport aux autres n'est pas aussi flagrant.
Compaction des sols
Commençons par évoquer le cheval de bataille des inconditionnels de la chenille : l'emploi de chenilles minimise la compaction des sols ! C'est vrai... mais pas toujours.
Avec des pneus classiques, il n'y a pas photo, les chenilles sont bien plus performantes grâce à leur surface de contact plus large. Avec des pneus plus technologiques (basse pression, IF, VF ou en roues jumelées) le constat est plus nuancé.
Prenons pour référence la pression de contact avec le sol de chaque ensemble.
Au-dessus de 2.4 bars de pression dans les pneus, un engin sur chenille impacte beaucoup moins les sols.
Entre 1,3 et 2,3 bars de pression, la différence de pression de contact est négligeable entre les 2 solutions.
Et avec une pression inférieure à 1,3 bars, les pneus sont plus performants que les chenilles.
Il faut savoir que contrairement aux pneus, dont la pression interne est constante et uniformément réparti par la carcasse, la pression sur le sol des chenilles est irrégulière. Les études ont montré que si la large surface de contact des chenilles répartit très efficacement le poids global de l'engin, le passage des galets crée d'importants pics de pression localisés.
A noter que pour qu'une chenille soit pleinement efficace, il faut qu'elle soit posée bien en contact avec le sol sur toute sa longueur. Sur les terrains plus accidentés la surface de contact peut diminuer et la répartition du poids peut être bien moins optimale.
Traction
Pour ce qui est de la puissance de traction, la chenille remporte le match haut la main ! Le taux de patinage d'un engin sur chenilles est très faible (de l'ordre de 5% contre 10 ou 20% pour des pneumatiques) ce qui lui permet de tirer des outils plus lourds. Mais attention à l'effet pervers. Tirer des charges plus lourdes augmente le risque de compaction. Ajoutez à cela le poids plus important des engins sur chenille et vous risquez de perdre l'avantage naturel du faible tassement des sols lié à l'emploi des chenilles.
Autre bémol. Si la qualité de traction des chenilles est indéniable sur sol sec ou humide, elle diminue fortement sur sol détrempé. Là où un pneu aura tendance à s'enfoncer dans le sol pour retrouver de la traction, une chenille patinera en surface.
Maniabilité
Il faut distinguer 3 types de véhicules sur chenilles : les 2x2 montés sur 2 chenilles (comme un tank militaire), les 4x4 équipés de 2 jeux de chenilles à l'avant et à l'arrière et les "half track" munis à la fois d'un train de pneus et de chenilles.
Si les 2 derniers se comportent plus ou moins comme leurs équivalents montés sur pneus, les véhicules 2x2 sont plus délicats à maîtriser. Ce type de véhicule a un très faible rayon de braquage (il peut quasiment tourner sur lui-même) : il y a alors un sérieux risque de mise en porte-feuille des outils tractés. Attention aussi aux virages en bout de champ, le glissement des chenilles sur place a une fâcheuse tendance à décaper la terre et la végétation de surface.
Les chenilles absorbent beaucoup les irrégularités du terrain et réduisent grandement les secousses et les vibrations. Le confort de conduite aux champs est largement amélioré.
En revanche, sur route les chenilles peuvent générer des vibrations très désagréables et ne peuvent rouler qu'à 20 km/h contre 40 km/h (voir plus) pour un tracteur sur pneus. Les véhicules sur chenilles sont malgré tout plus étroits qu'un engin sur pneus qui devra sans doute être équipé de roues jumelées pour effectuer le même travail.
Consommation
Du fait du taux de patinage réduit, un engin sur chenille consomme généralement moins de carburant que son homologue sur pneus.
A noter qu'en virage par contre, un ensemble de chenilles consomme plus. De par leur large surface de contact, les chenilles tournent moins bien sur place et nécessitent plus de puissance. A privilégier sur les grandes parcelles où les virages et demi-tours sont moins fréquents !
Budget
Un engin sur chenille est plus cher à l'achat que son équivalent sur pneus.
L'entretien lui aussi est plus onéreux : les chenilles de caoutchouc sont endommagées pendant le travail, tout comme le sont les pneus (même s'il n'y a pas de risque de crevaison).
L'entretien des parties mécaniques (galets, suspensions, entraînement...) est aussi plus complexe et coûteux.
Conclusion : ni vainqueur, ni perdant !
L'utilisation des engins à chenilles ne va pas révolutionner l'agriculture. Ils sont principalement destinés aux exploitations à la recherche de véhicules en capacité de tirer (ou de porter) des outils toujours plus lourds. Mais la recherche du toujours plus lourds risque de mettre à mal l'argument principal des adeptes de la chenille : la préservation des sols. Certes, un véhicule sur chenille peut faire aussi bien (voir mieux, dans certains aspects) qu'un véhicule sur pneus, mais cette performance a un coût qu'il ne faut pas négliger !
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